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Quand les boulistes se défiaient place Saint-Marcel !

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La presse d’avant-guerre est truffée de résumés de matches ou de concours des plus anciennes sociétés sportives clunisoises. En octobre 1929, on rapporte ainsi dans le détail une partie de boules qui a fait grand bruit dans la cité !

L’histoire que l’on vous raconte aujourd’hui nous est parvenue grâce aux archives numérisées du Courrier de Saône-et-Loire et celles (malheureusement partielles) du Petit Clunysois, journal hebdomadaire « politique, littéraire, commercial et de défense des intérêts clunysois » paraissant le samedi, entre 1929 et 1934.

De la fête des boulistes…

Si l’actuelle société bouliste de Cluny date officiellement du 1er mars 1948, sa fondation est en réalité bien plus ancienne, car l’on retrouve des traces de son activité avant même la Première Guerre mondiale.
En 1929, la Boule Clunysoise est donc déjà une respectable société d’une quinzaine d’années, qui organise chaque fin de saison un grand concours interne suivi d’un banquet.

Ce dimanche 29 septembre, les sociétaires ont rendez-vous à 8h30 pour le tirage des quadrettes au café Simmonet, situé rue Prud’hon, siège de l’association. « Des luttes sérieuses eurent lieu au cours des nombreuses parties […] pour désigner les vainqueurs de cet amical tournoi », d’après le chroniqueur de l’époque. 
Si le palmarès sportif n’est pas resté dans la mémoires, les témoignages sont beaucoup plus nombreux concernant le banquet qui a suivi le concours, au restaurant Lavilleneuve de la rue porte de Mâcon (qui comptait alors deux aubergistes et deux hôtels !). 

Comme le veut la tradition, le président de la société, M. Merle, ouvre les discours en remerciant chaleureusement les donateurs et bénévoles ayant permis l’organisation du concours, et en félicitant l’ensemble des concurrents. Il est suivi par l’allocution d’Eugène Gonnet, président d’honneur, heureux de retrouver ses anciens camarades, devenus pour la plupart de véritables amis.

M. Charnay, conseiller municipal, est ensuite appelé pour se voir remettre le résultat de la quête réalisée pendant le concours : les généreux boulistes lui remettent la somme de 119 francs et 15 centimes au profit de « l’œuvre des vêtements chauds aux enfants indigents », à laquelle les gagnants du concours ajoutent 20 francs pour la cantine scolaire.
La somme est loin d’être anecdotique : ramenés au pouvoir d’achat actuel, ces quelques 140 francs de 1929 équivaudraient à plus de 9500 euros de 2023 !

Réclame pour le restaurant Lavilleneuve, paru dans Le Petit Clunysois (collection privée).

Les discours terminés et la soirée avançant, des chants animent une bonne partie du banquet : « se font successivement entendre Mlle Dubost, Mmes Broaillier, Monnet, Dubost, MM. Dubuisson, Eloy, Guyot, Bouroux, Gauthier, Lelaquet, Huet, Charnay, Bœuf, Merle, Carrier, etc. etc.« , précise le journaliste du Petit Clunysois.

Cette charmante fête des boulistes se termine assez tard dans la nuit… avec un ultime rebondissement !

…au match-défi !

C’est le Petit Clunysois qui révèle quelques jours plus tard dans ses colonnes le défi lancé au cours du banquet. Tout heureux de retrouver ses camarades et amis, le président d’honneur Eugène Gonnet propose à la quadrette vainqueur du concours un « match-défi » caritatif, avec pour enjeu un versement « assez important […] à une œuvre de bienfaisance de la ville ». Le défi est bien évidemment relevé, et M. Merle, président actif de la Boule Clunysoise, désigné arbitre de la rencontre.

Le samedi suivant, 5 octobre, il est 16h quand les membres de la société se rendent sur la place Saint-Marcel, à quelques pas de leur siège, pour tracer un jeu. Les deux quadrettes arrivent promptement, hormis l’un des joueurs qui se fait attendre. « Les curieux s’impatientaient et se demandaient s’ils seraient obligés de prendre des bougies pour voir terminer ce match », raconte le journal. Il est vrai qu’à cette époque, Cluny est en plein chantier d’électrification, et l’éclairage public est encore rare !

Le 8e joueur ne pointant pas le bout de son nez, il est remplacé sur le champ par un jeune espoir Clunisois présent sur place « avec l’entente unanime des joueurs ». La suite est racontée par un bouliste dans les colonnes du Petit Clunisois.

Il est 17 heures 10. M. Merle, Président de la Société, qui doit arbitrer la partie, jette le but. Dès le début, l’équilibre se fait, les tireurs ne font pas fureur. Au 4e jet le score est de 7 pour la quadrette Rolland-Sève [vainqueur du concours des sociétaires] et 6 pour la quadrette Gonnet [président d’honneur].
Au 7e jet de but, la quadrette Gonnet, sur une boule bien touchée d’Augoyat qui perd le but, assure 3 nouveaux points, ce qui porte le score 14 à 7. Au 8e jet, Rolland marque encore 2 points.
Au 9e jet, l’équipe Gonnet assure sa supériorité au point et fait passer 7 boules à l’équipe adverse, ne venant prendre le point que de leur dernière boule. À ce moment, Broallier [équipe Gonnet], qui n’avait pas encore fait parler de lui, touchait de sa première boule et assurait la victoire à son équipe qui gagnait 3 boules en main, 15 à 9.
D’après l’avis des spectateurs, et en particulier de l’arbitre, la partie fut jouée régulièrement.

Après avoir pris l’apéritif ensemble comme il se doit, vainqueurs et vaincus se rendent là où tout a commencé, au restaurant Lavilleneuve. Ils ne quittent la table que tard dans la nuit… « en se donnant une revanche à la première occasion », bien évidemment !


  • Sources : Archives du Courrier de Saône-et-Loire et du Petit Clunysois | Archives départementales de Saône-et-Loire.
  • Cartes postales anciennes : Collections privées, sauf mention contraire.
  • Photo de couverture : Paris, 9 juillet 1928, jeu de boules lyonnaises – Agence Rol / Gallica – Bibliothèque nationale de France
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