À l’occasion du premier passage du Tour de France à Cluny (on a vérifié !), retour sur l’histoire du Cycle Clunysois, la première association cycliste de Cluny, de sa création en juin 1892 à sa dissolution en 1905.
Acte de naissance
Le 15 juin 1892, un entrefilet paru dans le Courrier de Saône-et-Loire annonce la création d’une nouvelle société vélocipédique à Cluny.
La création d’une nouvelle société était un petit événement local avant la loi du 1er juillet 1901 : pour exister, chaque association devait demander un agrément du Gouvernement et se conformer « aux conditions qu’il plaira à l’autorité publique ».
Premiers succès
La première manifestation d’ampleur du Cycle Clunysois est l’organisation de grandes courses cyclistes internationales le dimanche 8 septembre 1895 à Cluny. On en parle jusqu’à Paris, où l’information est relayée par le journal Le Vélo, le premier quotidien sportif français de l’histoire !
Cluny ne possédant pas de vélodrome digne de ce nom, c’est un champ appartenant à l’hospice qui accueille la manifestation : une piste de 900 m est spécialement aménagée ainsi qu’une tribune pour les spectateurs.
Plus de 50 bicyclistes (ainsi que 10 équipages en tandem) sont engagés sur les différentes courses, rythmées par les interventions musicales de la Société des trompes de chasse. La dernière course de niveau international sur 4500 m. (cinq tours de circuit) est remportée en 8mn et 38s par Chabaud, qui repart avec un prix de 100 francs !
Rythme de croisière
En 1898, le Cycle Clunysois fédère 70 adhérents. Son local est situé dans une dépendance du Café de la Paix, rue municipale, là où se trouvait auparavant le cercle des élèves de l’École normale spéciale, à l’angle avec la Zenfer.
La société se dote également de sa propre formation musicale, qui participe à quelques festivals aux côtés de ses homologues de La Concorde (société de gymnastique).
Des courses sont régulièrement organisées, comme la Cluny – Cormatin – Cluny (24 km) ou les 100 km Cluny – Chalon – Cluny.
Une course à suspens !
Le 23 juin 1901, le Cycle Clunysois accueille le championnat cycliste de Saône-et-Loire sur un circuit de 50 km par Massilly, Cormatin, Malay, Bresse-sur-Grosne et retour par le même itinéraire. Les concurrents sont emmenés par messieurs Malcros et Janin, capitaines de route, sur un tandem.
La course est remportée par Desplace, de Mâcon, en 1h 32mn et 12s, qui double ses concurrents 30 mètres avant l’arrivée ! Il est suivi par son compatriote mâconnais Brignon à 23 secondes, et Panard (du Creusot) à 24 secondes !
Le seul Clunisois, Demont, termine au pied du podium à 34 secondes du leader.
Malgré l’organisation de belles manifestations et le développement considérable du cyclisme (qui se dote d’une fédération internationale, l’UCI, en 1900), le Cycle Clunysois peine à trouver un rythme de croisière.
Le mardi 17 janvier 1905, ses membres se réunissent une dernière fois pour prononcer la dissolution de la société. La somme de 370 francs restant dans les caisses est répartie entre la caisse des écoles, le bureau de bienfaisance et le Touring club, pour la promotion du cyclotourisme et des richesses de la France rurale.
L’amateurisme bourgeois contre le sport ouvrier
Au début du 20e siècle, la très puissante Union française des sociétés de sports athlétiques (ou UFSA, fondée en 1887 par des dirigeants issus de l’élite bourgeoise, dont le baron Pierre de Coubertin) critique vivement les activités populaires comme le cyclisme qui tendent à se professionnaliser au nom d’un idéal du sport amateur réservé aux classes aisées. Des fédérations alternatives se créent pour soutenir les volontés de professionnalisme du sport ouvrier, à l’image du Comité français interfédéral en 1907, future Fédération française de football.